Parmi les symboles spirituels que l’on retrouve au yoga, certains sont connus surtout d’ailleurs : le yin et la yang, la main de Fatma, jusqu’à la croix gammée nazie, quelle est la réelle signification de ces symboles en Inde ?

Les symboles spirituels au yoga : que signifie réellement le yin et le yang ?

Le yin et le yang est un concept chinois, que l’on retrouve notamment dans la pensée taoïste, dans la médecine chinoise mais également dans le bouddhisme. Il symbolise l’unité et l’harmonie à travers la dualité et la complémentarité : chaque chose a son contraire qui lui est complémentaire.

• Dans le symbole du yin et du yang, que l’on appelle taijitu, le cercle représente le tout, l’Univers, l’unité, l’harmonie.
• Les deux demi-cercles représentent les deux grandes forces qui régissent l’Univers : le yin et le yang. Le Yin, en noir, représente l’énergie lunaire, féminine, stable ; le yang l’énergie solaire, masculine, dynamique. Oublions le jugement de valeur qui associe le féminin au négatif, au froid, à la passivité, à la faiblesse…
• La ligne courbe séparant les deux couleurs évoque le mouvement sans fin de cet équilibre : si une entité augmente, l’autre diminue.
• Les points de couleur opposée dans chaque demi-cercle montrent que les forces contraires s’interpénètrent mutuellement et rappellent que rien n’est absolu, rien n’est tout blanc ou tout noir.

Le yin et le yang est un concept bien plus complexe qu’il n’y paraît. Une chose et son contraire sont à la fois opposées et complémentaires, contradictoires et indissociables. Rien n’existe sans son contraire. Et chaque chose contient en soi son contraire, sa propre négation.

Le yoga est imprégné de ce concept : le yoga vise en effet à l’équilibre des énergies yin et yang qui circulent en soi afin de réveiller la Kundalini, symbole de l’Illumination (voir le paragraphe sur le prana dans cet article).

Les symboles spirituels au yoga : croix gammée ?

Un symbole universel

Ce symbole est tristement connu pour une toute autre signification que celle originelle… Avant d’être la croix gammée nazie, ce symbole est présent dans de nombreuses civilisations, et ce depuis le néolithique : on le retrouve chez les Egyptiens, les Romains, les Vikings, les Slaves, les Grecs, les Perses, les Celtes, les Aztecs, les Maya, les Amérindiens ou encore différents peuples d’Asie (Inde, Tibet, Mongolie, Chine, Japon….). On le retrouve aussi dans la franc-maçonnerie.

Les représentations divergent d’un peuple à l’autre, ce qui laisse à penser qu’elles sont indépendantes les unes des autres. L’universalité de ce symbole s’expliquerait par une fonction symbolique commune à tous les êtres humains : la représentation de l’Univers. Il symbolise ainsi généralement le cosmos, le rythme cyclique, l’harmonie, la paix, la chance aussi.

Le symbole en Inde

En sanskrit, ce symbole est d’ailleurs appelé « swastika », que l’on pourrait traduire par « de bon augure ». Certains considèrent que le symbole orienté dans le sens inverse des aiguilles d’une montre est au contraire un signe de malchance, bien qu’il semble que les deux représentations soient présentes sans réelle distinction en Inde (contrairement à une croyance répandue selon laquelle Hitler aurait repris le symbole mais en aurait modifié l’orientation).

En Inde, ce symbole est omniprésent, aujourd’hui encore. On le retrouve partout : dans la rue, sur les objets, sur les vêtements… Sur les porches d’entrée, dans les magasins ou sur les tombes, il attire la prospérité. Sur des représentation de divinités, sur des représentations du Bouddha, au début des textes sacrés ou encore à l’entrée des temples, il témoigne de la connotation spirituelle. Dans l’hindouisme, swastika est le symbole de Ganesh. Dans le bouddhisme, elle représente les empreintes de pas du Bouddha : la signification se rapproche de celle de la roue de Dharma (voir cet article sur les symboles spirituels), c’est-à-dire la diffusion de l’enseignement du Bouddha.

Aujourd’hui, malgré les origines de ce symbole, sa représentation est interdite dans plusieurs pays européens à cause de son utilisation nazie.

En savoir plus sur la réappropriation du symbole par l’Allemagne nazie.

Les symboles spirituels au yoga : un symbole musulman ?

La main de Fatma, que l’on appelle également Hamsa, Khamsa ou Tafust, représente une main (pour certains deux mains superposées) avec le pouce et l’auriculaire ouverts et symétriques, souvent de couleur bleu et avec un oeil au centre. Tournée vers le haut, elle apporte la protection contre le mauvais sort ; tournée vers le bas, elle porte bonheur.

Bien qu’associée à l’islam (et encore, pas tous les musulmans ne reconnaissent ce symbole), la main de Fatma est commune à plusieurs cultures.

Le symbole serait d’origine phénicienne : les civilisations phénicienne puis carthaginoise, établies au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, utilisaient déjà, au 1er millénaire avant notre ère, la main de Fatma comme symbole protecteur du mauvais oeil. Elle était alors associée à la déesse Tanit, protectrice de Carthage.

C’est également un symbole de protection dans le judaïsme, sous le nom de main de Myriam, parfois avec un poisson ou l’étoile de David au centre de la main. Dans le christianisme, la main de Marie représente pour certains le pouvoir de Dieu.

Dans le bouddhisme et l’hindouisme, ce symbole représente les chakras et les éléments associés à chaque doigt de la main : le pouce représente l’élément du feu et est relié au chakra du plexus solaire (Manipura chakra), l’index est associé à l’air et au chakra du coeur (Anahata chakra), le majeur à l’éther et au chakra de la gorge (Vishudda chakra), l’annulaire à la terre et au chakra racine (Muladhara chakra), l’auriculaire à l’eau et au chakra sacré (Svadhishthana chakra). La main de Fatma symbolise le flux d’énergies des chakras dans le corps (voir le paragraphe sur les chakras dans cet article).

Au yoga, ce symbole a toute sa place en ce qu’il invite à l’équilibre des énergies. Il rappelle en particulier les mudras (voir le paragraphe sur les mudras dans cet article), gestes des mains et des doigts qui visent à favoriser la circulation des énergies dans le corps et à harmoniser le soi avec l’Univers.