La pratique du yoga dépasse celle des asanas et se base sur des principes philosophiques voire spirituels qui ne sont pas nécessairement clairs pour nombre d’entre nous, car ils sont bien loin de notre mode de vie occidental. La pratique du yoga au-delà des postures est très riche. Mais voici 5 éléments essentiels.

1. Les principes philosophiques et spirituels du yoga : la respiration

Au yoga, tout part de la respiration. C’est l’un des  » principes philosophiques  » fondamentaux du yoga.

Vous l’aurez sans doute remarqué, il n’y a pas une posture que votre professeur ne fait pas précéder d’un « inspir » ou d’un « expir » : chaque mouvement (et chaque non-mouvement) se fait soit sur une inspiration, soit sur une expiration, parfois sur sur une rétention du souffle.

Attention : c’est la respiration qui initie le mouvement, et non l’inverse !

Et n’oubliez pas que l’important est de faire partir le mouvement de VOTRE souffle, et non de celui de votre professeur. Votre professeur vous explique comment respirer mais ne vous impose jamais un rythme !

Illustration de la respiration dans la salutation au soleil
La respiration dans la Salutation au soleil

Au début, cela vous semblera difficile de coordonner le souffle et le mouvement. Parfois même, sans s’en rendre compte, on est en apnée lorsque les postures sont intenses. Mais le fait de placer l’attention sur la respiration rend la posture plus supportable, et allonger la respiration et relâcher les tensions sur les expirations permettent au corps de trouver son ancrage et son confort dans la posture.

Comme toute habitude, celle de se concentrer sur la respiration et de l’harmoniser au mouvement viendra avec le temps. Et vous verrez que même en dehors de votre pratique, vous ferez chaque chose dans votre quotidien en conscience de votre respiration !

Il existe par ailleurs de nombreux exercices de respiration, que l’on pratique souvent en début de séance, mais parfois aussi pendant des postures, et que l’on appelle « pranayama ». Ces exercices de respiration, au-delà des bienfaits physiques qu’ils procurent, visent à faire circuler l’énergie vitale qui est en nous, le « prana ».

Pour en savoir plus, je vous invite à lire mon guide de la respiration.

2. Les principes philosophiques et spirituels du yoga : l’énergie

Un peu de philosophie : qu’est-ce que le prana ?

L’idée qu’une énergie vitale est présente en chaque être et chaque phénomène naturel est à la base du yoga (pour en savoir plus, lisez cet article). C’est l’un des principes philosophiques voire spirituels fondamentaux du yoga.

Nous avons en nous cette énergie commune à tous et à l’origine de la vie ; le yoga, à travers la pratique physique, la respiration, etc., vise à nous connecter à celle-ci.

Selon la philosophie du yoga, plusieurs canaux sont présents dans le corps humain et permettent de diffuser l’énergie. Ce sont les « nadis ». Il existe trois nadis principaux : un situé le long de la colonne vertébrale, et deux de part et d’autre.

Le yoga, à travers toute sa richesse, vise à réunir les conditions nécessaires au déblocage de ces canaux, afin que l’énergie puisse y circuler de manière libre et fluide, notamment la Kundalini (qui est en quelque sorte l’énergie la plus fondamentale, l’énergie divine, cosmique), laquelle circule justement dans le canal central, et ce afin d’arriver à l’état d’éveil spirituel.

Comment mettre en pratique ce principe ?

Concrètement, votre professeur de yoga cherchera à vous faire ressentir cette énergie à travers des pranayamas, des asanas, mais aussi les bandhas et des instants de méditation, ou encore des images parlantes comme celle d’un fil nous traverse.

Non seulement, ce type d’expressions permet de vous faire prendre conscience de la dimension spirituelle du yoga : c’est comme si une énergie partait de la Terre pour monter jusqu’au Ciel, et ce à travers votre corps et votre souffle.

Mais ces expressions ont aussi un objectif bien concret : vous faire ressentir des sensations physiques assez subtiles mais essentielles : au yoga, on cherche toujours à se grandir tout en restant solide sur ses appuis et bien ancré.

3. Les principes philosophiques et spirituels du yoga : la pleine conscience

Un autre des principes philosophiques et spirituels du yoga est la pleine conscience. Dans les Yoga Sutras de Patanjali, considéré comme le père du yoga, sont définies les huit étapes du chemin du yoga afin d’atteindre l’éveil. Les deux avant-dernières étapes sont respectivement « Dharana », la concentration et « Dhyana », la méditation.

Ces deux étapes sont celles qui permettent d’entrer en pleine conscience car elles posent le mental dans l’instant présent.

L’expérience de la pleine conscience à travers la conscience du corps

C’est souvent à partir de la concentration sur le corps que l’on comprend ce qu’est cet état de pleine conscience, et que l’on peut prétendre à la prochaine étape, la méditation.

En effet, pour calmer le mental, celui-ci a souvent besoin de se focaliser sur une seule chose et le corps est un excellent objet de concentration notamment lorsqu’il est en mouvement, car être en mouvement implique d’être attentif à ce que l’on fait.

Ainsi, dans la pratique du yoga, l’attention placée sur la respiration ou sur les sensations physiques permet précisément de maintenir l’esprit concentré sur le moment présent, car ces sensations sont précisément celles de l’instant.

Par ailleurs, cet « accueil » des sensations permet de pratiquer de manière juste pour soi. Se laisser guider par ses sensations permet d’adapter les postures en fonction de ses ressentis : si les sensations sont trop fortes, on ne se juge pas et on ne force pas. On laisse le corps aller là où il a envie d’aller, ici et maintenant.

L’expérience de la pleine conscience pendant la relaxation et en méditation

Si les asanas nous permettent de nous ancrer dans l’instant présent, car l’esprit est occupé à bien positionner le corps, le moment de la relaxation ou la méditation sont souvent difficiles précisément parce que, lorsque le corps est immobile, les pensées se mettent à divaguer.

Le bouddhisme et le taoïsme comparent à ce sujet l’esprit à un singe : toujours agité !

Illustration du sentier de Samatha
Cette image représente le Sentier de Samatha, qui, en Inde, symbolise les 9 étapes de la méditation, lesquelles reposent sur la concentration de l’esprit sur une chose.
Il s’agit précisément de dompter ce singe qui est en nous.

Pour réussir à profiter pleinement de la relaxation et à méditer, la clef est là encore dans le lâcher prise à travers la concentration.

De même que pendant les postures, vous prêtez attention à la respiration et aux ressentis, pendant la relaxation ou lors de la méditation, prêtez attention à tout ce qui vous traverse le corps et l’esprit.

Observez simplement la respiration naturelle, le mouvement du ventre quand vous respirez, les différentes sensations corporelles, les pensées, les émotions et même les bruits environnants.

La difficulté réside dans le fait d’observer sans se laisser envahir ou distraire et sans jugement. Observer en toute bienveillance et pleine conscience, c’est ne pas chercher à contrôler le souffle ou à modifier les sensations, c’est ne pas réprimer les pensées, ni s’attarder sur l’une d’entre elles (au contraire laissez les pensées aller et venir, c’est ainsi qu’elles partiront), et c’est aussi ne pas se laisser déranger par des éléments extérieurs, par ce qui ne dépend pas de nous, comme le bruit.

C’est en entraînant le mental à observer les choses, intérieures et extérieures à nous, sans attente, sans jugement, qu’il prendra l’habitude d’être dans cet état de présence, de calme, de pleine conscience.

La prise de conscience est simplement la conscience de ce qui se passe maintenant, sans souhaiter que ce soit différent. Prendre plaisir avec ce qui est agréable, sans s’y accrocher quand les circonstances changent (et ce sera le cas). Accepter ce qui est désagréable, sans craindre que les difficultés durent toujours (ce qui ne sera pas le cas) »

James Baraz

4. Les principes philosophiques et spirituels du yoga: l’intention

Que signifie poser une intention ?

Les yogis posent souvent une intention avant de pratiquer. Et parfois votre professeur vous invitera à le faire en début de séance.

Cela signifie donner un sens, un but, à sa pratique, guider son corps et son esprit vers quelque chose qui nous tient à coeur. Et c’est là que, selon moi, l’on comprend que le yoga est bien plus qu’un sport : l’intention d’une pratique ne sera pas de se muscler, de maigrir, d’être performant.

Au contraire, poser une intention nous invite à aller au-delà du corps pour réfléchir à ce que l’on veut vraiment dans sa vie : avoir confiance en soi, se libérer de son passé, de ses peurs, etc.

Ainsi, poser une intention permet de cultiver et d’entretenir la positivité et la motivation, mais aussi d‘être plus à l’écoute de soi, de ses besoins, de ses rêves, de ses objectifs de vie.

Les jours de Nouvelle Lune, cette intention a un sens d’autant plus puissant qu’il s’agit de définir un objectif que l’on aimerait voir se réaliser d’ici la prochaine Nouvelle Lune, donc tout au long du mois à venir. Et les pratiques de débuts d’année permettent d’ancrer son intention sur toute l’année à venir.

Comment formuler une intention ?

Il s’agit de prononcer mentalement un mot positif (par exemple : calme, sérénité, confiance, bienveillance…) ou une phrase positive, qui va colorer votre pratique.

Cela doit être quelque chose que vous souhaitez cultiver en vous ou que vous souhaitez voir se réaliser dans votre vie.

Si vous exprimez votre intention sous forme de phrase, utilisez le « je », le verbe au présent, et le mode affirmatif, comme si ce que vous vouliez voir fleurir en vous était déjà acquis. Par exemple, au lieu de dire « je ne veux plus être angoissé(e) », dites-vous « je suis serein(e) ».

Comment poser une intention ?

Le principe est de penser à cette intention tout au long de la séance, lors des moments de pranayama ou de méditation ou encore lorsqu’on tient longtemps une posture.

Personnellement, j’aime associer des mudras à mon intention : par exemple, lorsque je pratique ksepana mudra, je répète intérieurement mon intention de me libérer de mes émotions négatives, puis je pratique vajrapradama mudra, le mudra de la confiance universelle, en me répétant avoir confiance en moi.

À la fin de la séance, vous pouvez revenir sur cette intention afin de vous imprégner de celle-ci et la laisser germer et fleurir en vous.

Vous savez ce qu’on dit : les pensées positives attirent le positif !

5. Les principes philosophiques et spirituels du yoga : la bienveillance

On a certainement dû vous le dire : le yoga, c’est un mode de vie.

Et pour cause, dans les Yoga sutras dont j’ai fait mention plus haut, les deux premières étapes dans le chemin du yoga concernent précisément notre conduite.

En effet, traditionnellement, le yoga est bien plus qu’une pratique physique. Il s’agit plutôt d’un but de vie : être en union avec soi-même et avec la Nature. Pour Pantajali, le yoga est ainsi le chemin vers l’éveil et la libération du mental.

Les postures ne constituent qu’une seule des huit étapes du yoga, et même pas la première ! Alors qu’en Occident, on commence le yoga précisément par les Asanas… Et peut-être l’avez-vous remarqué, mais aujourd’hui le yoga est devenu un business tel que, chez certains professeurs, la vénalité prend le pas sur les principes de bienveillance à la base du yoga…

Un peu de philosophie…

Les piliers du yoga sont véritablement éthiques : les « yamas » constituent la première étape du yoga et désignent les 5 principes fondamentaux de la vie en société ; les « niyamas » constituent la deuxième étape et concernent notre relation à nous-mêmes.

Pour aller un peu plus loin, les « yamas » invitent à ne pas nuire à autrui et à développer la compassion (ahimsa), à être sincère (satya), à ne pas voler ni les biens ni les idées des autres (asteya), à modérer son énergie et contrôler ses pulsions (brahmacharya), à ne pas s’attacher aux choses et ne pas désirer les possessions d’autrui (aparigraha).

Les « niyamas » invitent à prendre soin de son corps et avoir des pensées pures (saucha), à se contenter des choses et même à en être reconnaissant (santosha), à se discipliner (tapas), à apprendre à se connaître (svadhyaya), à accepter qu’il y ait des choses qui nous dépassent et sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle (isvarapranidhana).

En pratique…

Ces principes ne sont pas des règles strictes. En effet, le but n’est pas de contraindre mais de nous apporter la paix en société et en nous-mêmes.

Ces principes sont davantage des pistes, des orientations dans notre propre chemin du yoga. À mes yeux, le yoga est pleinement personnel, et de même que je préconise toujours d’adapter les postures à son corps, j’estime que chacun est libre d’appliquer les yamas et les niyamas comme il l’entend.

Ces principes finalement sont matière à réflexion : ils nous invitent à remettre en question notre mode de vie et à s’en inspirer afin de suivre ceux qui résonnent en nous.

Personnellement, ce qui résonne le plus à mes yeux, c’est la bienveillance au coeur de ces principes : la bienveillance envers les autres et envers soi-même.

Pour en savoir plus sur les yogas sutras, vous pouvez suivre les différentes leçons de Guillaume sur son site internet Yogapage.

Yoga avec Monica

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11 réponses pour “Principes philosophiques du yoga : le yoga au-delà des asanas”

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